vendredi 16 novembre 2007

MON ARGUMENTAIRE



Le roman, tel que je le vois, et tel que je l'ai décrit dans ce mail pour Isabelle Solal. Je tentais, alors, de défendre la couverture avec la photo de l'enfant. Pour la petite histoire, cette couverture n'a pas été retenue, et je m'étais rangé à l'avis de la maison d'édition.

<< Bonjour Isabelle ;
c'est une illustration de la notion d'habitus, énoncée par Bourdieu. que l'ensemble des habitudes, références, comportements d'un individu lui viennent de la cellule familiale. un gosse de bourge a déjà entendu de la musique classique à 10 ans, il est déjà allé au théâtre, il a vu mille fois ses parents regarder des films d'auteurs sur arte, lire des livres, le journal, etc. un gosse de prolo n'a jamais entendu de classique, et il est sûr que la star ac est un programme culturel. enfin bref, c'est du déterminisme, oui, mais pas dans les gênes, plutôt dans l'hérédité culturelle. enfin bref, ce que je veux dire, c'est qu'à l'âge du gamin sur la photo, son avenir est déjà tracé.

je vous avais parlé du divorce de mes parents. cette photo date de quelques années après. ce n'était pas un divorce comme les autres parce que ma mère a changé de "couche" sociale. bref : j'ai eu la chance d'avoir deux habitus, et les deux coexistent en moi. ça donne quoi ? j''aime NTM et je kiffe Tchaikowsky. je lis presque un livre par semaine, et je ne rate aucun match de foot sur Canal. ça donne, enfin, un auteur qui écrit comme on parle. ce roman, c'est la vie que j'aurais pu avoir, si mon beau-père (un type exceptionnel, un modèle, et je pèse mes mots) n'avait pas débarqué dans nos vie.

sur cette photo, je suis à la charnière de ces deux mondes. c'est comme ça que j'interprète ce regard triste et étrange.

très tôt dans le roman, le héros parle de son père, militant cgt, et il raconte les soirées à table lorsqu'il avait 7 ou 8 ans. à la fin du roman, il fait encore un retour sur son enfance, les posters, les baskets et les survêtements. et la conclusion : papa
je suis comme toi, j'ai du Krazuki dans les veines, etc. le héros, tout abruti qu'il est, comprend à la fin, avec ses mots, la notion d'habitus. et la conclusion de cette conclusion, c'est que l'habitus n'est pas forcément lié à l'intelligence. des types
bien éduqués et super con, j'en ai croisé des tonnes. des types de cité qui comprenaient, seuls, avec leurs mots, des concepts de philo ou de socio, j'en ai rencontré autant.

ce roman, finalement, est un roman sur l'enfance. comment tout se joue à cette période. d'où la photo.

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